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Journal d'un Millésime

UNE ANNEE VITICOLE CHEZ CHATEAU GEORGE 7

Je mettrai à jour ce journal tous les mois suivant l’évolution de la campagne viticole. Je l'ai commencé en mars parce que la vie du millésime 2019 commence vraiment par la taille après le repos hivernal. Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter à sally@chateaugeorge7.com Veuillez pardonner quelques fautes d’orthographe et/ou d’expression, j’écris moi-même mon journal comme je le ressens en français.

MARS  

La taille peut être effectuée à tout moment, quelques semaines après la chute des feuilles (pour que la sève soit revenue dans le tronc principal de la vigne), jusqu'à une semaine avant l’apparition du bouton en mars. La plupart des propriétés autour d'ici entreprennent cette tâche en janvier / février. L'un des avantages d'une petite propriété est que nous pouvons attendre le dernier moment car cela ne prend que quelques jours. Nous évitons ainsi d'exposer inutilement les coupures et les bourgeons à venir sensibles, au froid extrême et aux dégâts potentiels du gel, et nous les protégeons autant que possible. Il y a même un dicton sur la taille : "Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars"  Une fois taillé, le bois de l’année dernière est tiré. Certains ramassent ces sarments à brûler dans la cheminée ou sur le barbecue (on dit que Cab Sav donne la meilleure saveur). Il est interdit de les brûler dans les vignes. Nous les déchiquetons et les laissons se décomposer et nourrir le sol. 

Au milieu du mois, les étiquettes ont été imprimées pour les premiers échantillons en bouteille du millésime 2018. Je suis enthousiasmé par le résultat - ça commence à devenir réel - mais mon moral s’est dissipé lorsque j’ai récupéré les capsules qui se sont avérées être de la mauvaise couleur. Ils n'ont pas le temps de les refaire avant la dégustation de primeur, je dois donc me précipiter pour en trouver quelques-unes noires et mattes. Les bouteilles de dégustation sont présentées habillées avec étiquette et une capsule avec le haut découpé. Nous devons tous respecter les règles strictes de présentation de bouteilles.  Au cours des deux dernières semaines, l’ambiance autour des primeurs a commencé à monter - chacun préparait ses échantillons et les gens commençaient à arriver (et à goûter) le #Bdx2018 #Enprimeur. Le Château George 7 a été dégusté hors de la propriété pour la première fois lors d'une dégustation à l'aveugle à la Maison des vins de Fronsac, avec 35+ de ses pairs. Ce fut un moment plein d'émotion et de fierté. J'ai adoré - surtout quand la pièce a commencé à murmurer et à faire des commentaires. Beaucoup plus de détails dans mon blog.

AVRIL

La semaine officielle des primeurs a lieu du lundi au jeudi de la première semaine d’avril, mais les critiques, les journalistes et les négociants commencent souvent plus tôt et beaucoup continuent après les quatre jours officiels. Château George 7 a présenté 'en primeur' pour la première fois à La Salle des Dominicains à St Emilion avec des pairs de Fronsac, Pomerol et St Emilion. Ouvert uniquement aux professionnels du vin, j’ai eu le plaisir de faire déguster mon vin à des amis viticulteurs, des distributeurs britanniques, français et européens, et même à l’équipe de tournage d’une chaîne de télévision française (le reportage a été diffusée le lendemain). Le vin goûtait vraiment bien, mais comme il n'était pas encore stable, de nouveaux échantillons devaient être apportés tous les deux jours. J'ai eu de bons retours et j'ai été légèrement dépassé. Voir mon blog sur Madame Merlot.  Le vin a également été goûté chez Oenoteam, le laboratoire auquel est attaché Bruno et qui est un acteur clé de la nouvelle vague d’œnologues et de consultants bordelais, travaillant avec de nombreux grands châteaux. Ici, dans l'intimité d'Oenoteam, divers critiques et influenceurs de haut niveau ont goûté et noté Château George 7. Mon rôle? Déposer un échantillon chaque jour pendant trois semaines, au moment où les visites étaient programmées, et attendre (im) patiemment de voir si quelqu'un mentionnerait le millésime inaugural d'un nouveau château. Tout cela a porté ses fruits lorsque The Wine Advocate a publié le rapport de Lisa Perrotti-Brown dans lequel George 7 a eu une très bonne note de dégustation. J'admets - encore des larmes. Ce qui a semblé être une véritable folie à de nombreuses reprises au cours de l’installation et de l’investissement dans le temps, de l’émotion sans parler de l’argent au cours des quatre dernières années, a été validé par un WhatsApp de Bruno concernant la note publiée. Je n'y croyais pas jusqu'à ce que je le voie moi-même sur le site Web du Wine Advocate.  

 

Le temps a été printanier avec des journées chaudes, environ 22 ° C, quelques orages mais beaucoup moins de pluie que normal pour la saison et nous aimerions plus. Je peux sentir le changement  - je suis devenue une agricultrice préoccupée par le temps et jamais vraiment satisfaite. Nous avons eu quelques nuits mordantes au milieu du mois lorsque le gel était prévu et s'est matérialisé, mais cela n'a pas touché les boutons. De nombreux vignobles de la rive droite ont démarré leurs turbines pour déplacer l'air ou ont allumé des centaines de bougies spéciales dans les rangées. Je n'ai pas encore les ressources pour cela, alors je suis à la merci de la nature et à la fin du mois d'avril, les pousses sont florissantes. J'ai rencontré Philippe Hermouet, l'actuel responsable du Syndicat de l'Appellation de Fronsac, qui est aussi un voisin ici à Saillans. Je souhaite participer à la promotion de #Fronsac, qui est souvent qualifiée comme "sous-estimée". Alors arrêtons de le sous évaluer !

MAI

4-5: Le samedi 4, alors que nous assistions à un barbecue à St Emilion, nous étions à l'extérieur, les yeux au ciel. Une nuit tellement dégagée, accompagnée de températures en baisse, signifiait que les prévisions de gel étaient probablement exactes. Dimanche matin, vers 5 heures du matin, mon voisin a allumé des feux avec des tas de foin et j'ai observé les flammes qui parsemaient les pentes autour du Château George 7 et, à l'aube, j'ai marché dans les rangées de vignes entendant le drone du moteur d'un hélicoptère lointain. Le danger d'un gel printanier est que la chaleur du soleil levant brûle les pousses froides. La fumée crée un nuage autour des vignes et protège les pousses lorsque le soleil se lève. Après deux nuits, les gens autour parlaient du dégât - rien de comparable à 2017, mais certains ont déclaré une perte de 30% ou plus - en particulier dans les villages satellites de St Emilion. Fronsac a été épargnée pour la plupart et je me suis échappé pratiquement sans dégât. Les dates des Saints de Glace sont toujours les 11-13 mai. Depuis le Moyen-Âge, ces trois nuits ont été considérées comme la dernière menace de gelée printanière après laquelle nous pouvons tous dormir plus tranquillement. Nous avons survécu ces dates des Saints avec les températures les plus basses de 10°C+ - ouf! 

 

Dès la troisième semaine du mois, les vignes étaient sur le point de fleurir - des boules vertes et serrées qui ressemblent à de minuscules grappes de raisins sont en fait de minuscules fleurs individuelles avec un capuchon qui va éclater et qui sera ensuite pollinies par le vent afin de former le fruit. Les vignes semblent avoir beaucoup de fleurs. De même, les haies sont en croissance ainsi que les cultures de couverture entre les vignes. Ceux-ci sont plantés pour améliorer la matière organique du sol et élargir l'écosystème du vignoble. Lorsque l'herbe et les mauvaises herbes deviennent trop hautes sous les vignes, nous tondons et retournons le sol. 

Fin mai: avec le temps chaud entrecoupé d'averses, le feuillage de la vigne se développait rapidement, ce qui laissait beaucoup de travail à faire dans les vignes: «levage et épamprage» où de longues pousses sont insérées à l’intérieur des fils pour les entraîner dans la bonne direction et on enlève des branches sans fruit ou des branches supplémentaires pour concentrer la force de la plante. On fait aussi la tonte de l’herbe (voir photos avant et après). Ce fût un temps fabuleux pour être dans les vignes - les journées printanières se réchauffent pour atteindre 20-23 ° C bien que nous ayons eu des averses et des journées avec du vent aussi. Les vignes sont maintenant prêtes pour leur prochain rôle majeur: la pollinisation et puis la véraison.

JUIN

Au début du mois de juin, les températures ont dépassé les 30 ° C (un avant goût de l’été à venir) et dans le vignoble, les fleurs ont éclaté et ont été pollinisées pour former les petites baies. Nous avons eu de la pluie au mauvais moment, ce qui a remis en question la pollinisation uniforme des grappes, mais dans l'ensemble, les fruits sont bien tombés. Le merlot est réputé pour avoir parfois des problèmes avec la mise à fruit - appelée «coulure» - comme le font le Malbec et le Petit Verdot. Chaque stade de développement atteint constitue un défi de plus franchi dans le cheminement vers la récolte, ou la "ligne d'arrivée".

Entretemps, le millésime 2018 était tours appréciés par des clients qui assistaient à un événement pour déguster des vins 'en primeur'@ Davyswineshop à Londres. Et à la maison, le 2018 continuait sa maturation en barriques de chêne français.

 

Au début du mois, nous avons également eu l'AG de l'appellation Fronsac. Nous avons un nouveau président - Damien, le vigneron de Château Gaby - ainsi que de nouveaux membres du conseil d’administration. Nous avons discuté des évolutions actuelles et futures des cépages à autoriser à Fronsac et j'ai appris que les restrictions sur le désherbage chimique sont en vigueur dans cette AOC depuis plus de 10 ans - avant que de nombreuses autres en discutent. En ce qui concerne 'sustainability' ou développement durable, ce mois on a fait des traitements avec «bouillie bordelaise» - principalement du cuivre et utilisé beaucoup dans la région, y compris dans l’agriculture biologique - pour protéger contre le mildieu et l'odium. car il y a eu beaucoup d'humidité malgré la hausse des températures. À la fin du mois, nous sommes plus occupés à tondre et à tailler le haut des vignes pour les maintenir en ordre alors que les feuilles continuent à proliférer. 

 

Ce mois-ci, j’ai aussi appris que j’avais été accrédité comme tuteur officiel de l’École du vin de Bordeaux. J'ai suivi la formation et J’ai passé l’examen en mai. Je suis maintenant impatiente d'enseigner aux gens du métier (des sommeliers par exemple), ou aux groupes de presse qui viendront à Bordeaux pour apprendre davantage ce que nous faisons et pour découvrir les nouveautés de la région.

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JUILLET

Ce mois-ci, nous avons eu un temps extrêmement chaud : ‘Heatwave’ comme on dit en anglais. Les températures ont atteint 42 ° C un jour dans les vignes et nous avons eu des températures élevées autour de 38-39 ° C pendant plusieurs jours. Les nuits ne nous laissaient guère de répit. Les journées chaudes stressent les vignes, ce qui n'est pas un problème en soi - elles peuvent supporter le stress. Cependant, plus de 40°C est extrême et des problèmes réels se produisent lorsque les nuits ne se rafraîchissent pas. Les vignes ont besoin que la température descende en dessous de 20°C afin qu’elles puissent se reposer. C'était limite la troisième semaine de juillet – on craignait avoir des dégâts de chaleur.

 

Nous n’avons pas le droit d’irriguer à Fronsac comme c’est le cas pour toutes les appellations françaises (bien que le cahier des charges l’autorise «dans des conditions climatiques extrêmes»). Mais avec des vignes âgées de 35 ans, elles ont des racines très profondes et nous avons confiance qu’elles puissent atteindre l'humidité. Heureusement, le chai sans fenêtres et avec des murs épais, arrive à conserver la fraîcheur pour les barriques et le vin même dans des conditions de chaleur extrême.   

 

Cependant, nous avons dû réagir pour empêcher les jeunes plantes de la haie de mourir. Nous avons collecté de l’eau recyclée et environ 80 m de tuyau d’arrosage pour arroser les 370 m de jeunes haies qui n’ont pas de système racinaire pour supporter la canicule. Vers la fin du mois, les nuages ​​se sont dissipés et nous avons eu deux jours de pluie. Ouf!  

 

À la fin du mois, nous avons eu le plaisir d'accueillir Jane Anson, experte des vins de Bordeaux, journaliste et auteur, pour sa première visite. Ensemble, nous avons dégustés les deux vins 2018: Château George 7 et Prince, ainsi que le peu que nous avons de 2017, qui n’est pas encore en bouteille. Croisons les doigts pour qu’elle nous cite dans un des ces prochains articles.

AOUT

La véraison a commencé la première semaine du mois d’août. Lorsque les baies changent de couleur, elles se ramollissent et le volume de sucre augmente avec l’accumulation de fructose et de glucose. Également au cours de la première semaine, Ben de Davy’s de Londres est venu goûter à la fois les vins de 2018 et notre 2017.  C’est environ la 5ème fois qu’il a gouté le 2018 et m’a annoncé que chaque fois que c’est délicieux.

 

Le mois a également commencé avec quelques jours de pluie entrecoupant les chaudes journées d'été. Avant de partir pour les vacances, nous avions juste eu le temps de faire un dernier passage dans les vignes, le levage des branches égarées et un dernier traitement de cuivre pour empêcher l'humidité de la pluie de créer des problèmes lors de la maturation des raisins.  

 

Dans le chai, le vin frère du Château George 7, appelé «Prince», profite de quelques mois dans des fûts de chêne français de 500 l avant de les vider et de les préparer à recevoir la récolte 2019. 

Le mois d’août est vraiment le temps de s’asseoir et d’attendre que les raisins poussent et mûrissent afin que de nombreux viticulteurs et équipes de châteaux se reposent avant la folie des vendanges. 

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SEPTEMBRE

Dès fin août et jusqu’àu mi septembre, je faisais l’effeuillage des vignes. On le fait pour  que le soleil puisse atteindre les raisins dans la dernière phase de maturation, mais aussi pour permettre l’air de circuler librement à travers les vignes en cas de pluie pour empêcher toute maladie ou pourriture de s’installer. Le temps était chaud et ensoleillé au début du mois, mais comme nous attendons la dernière minute avant de ramasser les raisins pour avoir le maximum d’arômes, nous devons nous préparer au cas où la pluie s'installe avant la récolte. 

 

Pendant septembre, on a eu beaucoup de visiteurs: des amis qui découvraient Bordeaux pour la première fois et des gens que j'ai croisé lors de mes voyages. Une super expérience pour l'année prochaine lorsque j'aurai un espace de dégustation officiel. 

 

Et puis c’était le moment de préparer pour les vendanges - nettoyage en profondeur de la cave et des fûts en bois, l’arrivée d’une nouvelle cuve d’inox et l’adaptation des racks pour pouvoir utiliser une machine pour faire tourner les grands fûts. Nous avons eu un peu de pluie, ce qui était bienvenu parce que les raisins étaient plutôt concentrés à cause de la chaleur et de la faiblesse des réserves d’eau. Nous étions donc prêts pour un grand millésime….

OCTOBRE

Tout était question de vendanges le week-end des 5 et 6 octobre. Quel moment vraiment merveilleux en famille et entre amis puisque nous nous sommes réunis dans la même quantité à la même date que l’année dernière. Bizarre.  Jetez un coup d'œil à l'histoire en images - vidéo et photos - on n'a plus besoin de mots.

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